Quand je passe de longues heures a ecrire mon blogue, Ashu m offre du cafe, car il est proprietaire du restaurant au-dessus (que nous aimons beaucoup, d ailleurs).
Ashu est du caste des Brahmans, les sages, les preux. Mais il est profondement convaincu que mediter trop rend fou. Et il croit qu en chaque homme, il y a une divinite qui n a pas besoin de porter de nom.
Maryse est toujours malade. Et elle est grugee par la peur d etre toujours encore plus malade. Regardez toutes les bibittes que vous nous avez mis dans la tete en nous effrayant avec la malaria, la diarrhee et la peste. Je suis convaincue que c est le stress bien plus que la bouffe qui fait chier mou, ici.
Je dis a Maryse qu elle a un systeme immunitaire de moumoune a cause du vegetarisme. Elle met la faute sur les antibiotiques que ses parents lui ont donne. Hari et Ashu prennent bien soin d elle, se marrent a lui faire bouffer du porridge. Ils lui ont recommande un medecin ayurvedique qui fait apparemment des miracles, devine tous les problemes du monde en tatant le pouls, fait inhaler des herbes qui puent, fait des massages de plexus solaires. Puisque Maryse est hippie, c est precisement ce dont elle a besoin.
Curieux: depuis qu elle a vu le medecin, elle va beaucoup mieux.
Je m abstiens de plus de commentaires.
Hari met de la pression pour que j y aille moi aussi. Je suis en parfaite sante, je dis. Il s en fout, vas-y pareil. On verra.
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Ashu nous invite a souper avec un de ses amis qui a grandi a Mumbay et qui vit maintenant en Grece, apres avoir passe quelques annees de sa vie a Hong Kong. On atterrit au deuxieme etage d un immeuble parfaitement incognito depuis l exterieur, mais dont le decors tres New Age nous plonge immediatement dans un etat de bien etre. Les grandes banquettes surelevees nous oblige a s asseoir en Indien (haha!), tous les murs sont recouvert de paille tressee, et l eclairage est tamise par des lampes artisanales suspendues au plafond.
Nous discutons.
Pendant des heures, et des heures, sans voir le temps passer.
Nous parlons de mariage, qui a une place bien centrale dans la culture Indienne.
Mariage arrange par les parents, dans 90% des cas, dois-je preciser. Comme cette idee est insupportable a une mentalite occidentale, la discussion s arrete bien rapidement a nos tables. Immonde, arriere, a l encontre du droit de l homme, et ca finit la.
Et voila que le temps assouplit les mentalites, d un cote comme de l autre de l ocean qui nous separe, et on en arrive a parler et a ecouter avec un parfait equilibre.
Rien ne m oblige a prendre position. En ce pays, c est la regle du bonheur, je crois. Et c est la regle que nos deux hotes de la soiree ont manifestement adopte, egalement. Quelle merveille, ce type de conversation.
Voici.
Point 1.
Supposons que nous devions passer toute notre vie avec une personne que nous n aimons pas, a se faire pitcher des roches si on regarde trop longtemps ailleurs. Et cette personne que nous n aimons pas, il faut lui faire dix-huit enfants (oui, j eeeeexagere). Il faut se tapper les hormones, lui faire a manger, faire son lavage. Statut de le femme, priorite non classee.
Point 2.
Supposons que nous devions passer notre vie a faire des essais-erreurs sans jamais tenter de reellement investir. Supposons qu en recherchant une perfection sterile chez l autre, nous en oubliions la beaute de l echange et de l ecoute, la gratuite, le devouement. Et que nous nous cherchions nous-meme, de maniere narcissique, dans la beaute de quelqu un sur mesure. Sans prendre reellement le temps de s interesser a la reelle beaute de l autre dans sa difference, en passant son temps a la fuir.
Point 1.
Supposons que chacun ait des traits de personnalite, des interets, des reves, des desirs bien particuliers et que personne ne puisse les connaitre mieux que soi-meme. Ce ne sont pas aux parents de cuisiner des combinaisons improvisees la-dessus.
Point 2.
Supposons que mes parents aient crie: YESSIR apres chaque chum que j ai laisse. Et qu ils me disent avec tout leur amour: ce n etait pas un gars pour toi. Ils le savaient peut-etre avant moi.
Et voila.
J ai compris le point.
C est tout ce qui importe, puisque nous vivons dans un monde d imperfections ou tous les parents ne sont peut-etre pas aussi cools que les miens.
Vous etes les plus meilleurs, je suis tellement chanceuse, que vous me patentiez un mariage ou pas.
...PAS, s il vous plait.
...Quand meme.
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Je passe plusieurs heures a lire et a ecrire dans un petit restaurant grano, qui prepare le meilleur chai de l univers, et qui offre une vue sublime sur le Gange, le pont de Lakshman Jula anime par des regiments de singes, et les superbes ashrams de l autre cote de la rive.
Maryse et moi sommes sublimees par les cabrioles des primates. Nous poussons des: oooooooooh et des aaaaaaaaah tout le long du diner.
Hari: Sont cutes, hein, les singes? Voila, ils ont le droit de vivre, eux-autres. Mais etant donne que des coquerelles, c est laid, il faut les ecraser. C est arriere, comme mentalite.
Bon, je pense qu apres les vaches, les singes, les elephants, les taureaux et les rats, on va devoir ajouter les coquerelles a l evantail des animaux sacres.
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L Inde est un superbe clash entre la tradition et la modernite (il est a noter qu il pleut des diplome en informatiques en ce pays, que de beaux jeunes hommes font des rides de motos avec un coat de cuir, et ecrivent Krishna sur leur becyk a gaz).
Un type que je rencontre sur la route menant a la plage au sable blanc me dit qu un sms, c est comme une priere, mais avec accuse de reception. C est concretiser en message-texte, sur un cellulaire, la pensee qu on a pour quelqu un.
Dans le meme genre de reflexions, K.D. dit d ailleurs qu un mantra, c est comme une adresse courriel; si tu fais des fautes, ca se rend pas.
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Comique.
Au Quebec, pour dire qu on va aux toilettes, on dit qu on va au ptit coin.
Pour dire qu ils vont aux toilettes, les Indiens disent qu y vont au Pakistan.
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