jeudi 7 février 2008

Je veux pas savoir quand je vais mourir

Je rencontre un professeur de meditation sur la route qui mene a la plage au sable blanc. Je m arrete sur le bord de la route avec Maryse, sous un soleil tappant de trois heures, pour un the menthe-citron-miel-gingembre prepare avec amour a meme le trottoir.
L homme parle a peine, respire a peine. Maryse est interessee a savoir ce qu on apprend dans un cours de meditation. Apres tout, en soi, mediter signifie: ne rien faire, penser a rien, s imaginer dans le fond qu on n est rien. Enseigner en soi va un peu a l encontre du principe.
L homme repond. Je retiens un exercice en particulier.
A un moment donne de la seance, il demande a tous les particippants de se fixer longtemps dans les yeux a tour de role pour finalement s y voir soi-meme (au-dela du simple reflet physique dans la pupille). Parce que, dit-il, il n y a qu une seule et meme ame, au-dela de sept milliards d egos sur cette terre.
Certains diront que ce principe est tres exagere. Peut-etre.
Je me permets une reflexion, parce que c est mon blogue.
Nous avons tous des criteres acquis, mais peut-etre pas justifiables ou remis en question, a partir desquels nous jugeons ce qui est exagere ou pas. Oui, le cerveau humain a tout simplement ses limites, il demande souvent plusieurs concepts de base pour se mettre en marche. Ces fondations, justement, celles qui ont une grande place dans le subconscient, elles ont parfois la chance de s ebranler face a la difference, grace a l ecoute. Nous disons tres certainement tous des niaiseries sans meme s en rendre compte. Est-ce que les niaiseries des uns sont meilleures que les niaiseries des autres? Et est-ce que les niaiseries des autres peuvent, par miracle, nous faire realiser les notres?
Supposons que Monsieur le professeur dise des niaiseries, je me dis seulement que le fait de croire en une seule ame universelle est un tres joli concept qui pourrait mener a l ouverture.
Et ca, j aime bien. Et si on y croyait, pour le fun, si c est pas pour de vrai.

***

Puneet, vendeur de pierres precieuses dans une petite bijouterie sur cette rive tres mystique du Gange, est un etre d une sagesse qui m a sciee en deux. On m en avait parle, j ai eu envie de le rencontrer.
Un petit bonjour, il offre gentiment du chai, et il se met a parler comme si le temps n existait plus. D ailleurs, il commence justement en expliquant que le temps, en faite, n existe pas. Il s agit d une conception comme tant d autres qui se rangent dans ces fameuses fondations du subconscient et qui y restent, comme du vieux linge qu on veut pas donner a personne. Il dit que ce monde materiel est comparable a des vagues sur un vaste ocean; on n arrive pas a les saisir. Une fois dans nos mains, seule demeure l eau (et encore). Si on passe sa vie a essayer d attrapper des vagues, on devient immanquablement fru. Et on passe a cote de toutes les merveilles que nous reservent les fonds marins.
Le defi d une vie humaine: tenter de trouver l essence qui demeure, sous la surface.
Paaaaaas facile.
Apres un mois en Inde, j ai la quasi-pretention d avoir une idee du flocon de neige sur le boutte du boutte du ptit pique en haut de la bosse apparente du dessus de l iceberg en superficie de la mer sur ce que ca pourrait bien etre.
Et ca a un rapport presque direct avec cette etrange idee d ame universelle.

***

Je lui montre mes deux paumes de main.
Une chose s il vous plait, je veux pas savoir quand je vais mourir, que je dis.
Le plus serieusement du monde: voyons dont, l ame meurt jamais, qu y repond.

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Avec Puneet, le temps, concept comparable aux vagues en superficie de l ocean si j ai bien compris (???), passe comme un couteau dans le beurre (je n ai pas trouve une analogie moins agressive, meme si j aurais bien voulu).
Combien je vous dois pour ces precieuses parcelles de sagesse, je demande.
Il repond: ce que tu m aurais donne, prend-le pour acheter des biscuits, et distribue-les a ceux qui ont faim.
Ca y est. Plus de mots.

***

Oui, un mot. Le mot de la fin.
L Inde est merveilleuse, mais la liberte d expression a la quebecoise est une chance inestimable. Voici, j en profite.
J accepte par consequent des commentaires tout aussi libres du type: gang de mongoles qui sentent le patchouli, arretez de voir des pouliches dans le Gange.
...Mais 0 commentaire...
C est un peu plate.
...quand meme.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Moi j'trouve que ça fait bien du sens, tout ça... Même le maître de jodo, dans un cours auquel j'veux m'inscrire, a précisé que l'âme individuelle était une idée tout à fait occidentale et illusoire. On est tellement pogné dans notre hémisphère gauche, a essayé de tout raisonner, on est complètement déconnecté de notre propre corps et des autres. Et c'est tellement dur la pression qu'on se met, de se sentir tout seul. À l'université de Montréal je m'en rend compte, ça fait peur à quel point tout le monde est poli et ne se parle pas (sauf avec prétexte), fait ses p'tits trucs et suit sa ligne individuelle o.O Enfin, probablement que la sagesse, qu'elle soit indienne ou japonnaise (ou de n'importe où ailleurs), se recoupe... et bon je n'connais pas grand chose à l'Orient, mais c'est clair qu'on a beaucoup à y apprendre... J'suis contente de voir que tu t'es remise à ton blog :D